Etude architecturale de la mosquée
de Mohamed bey el-Mouradi
L’objectif de ce travail [1] est l’étude des caractéristiques conceptuelles, structurelles et constructives de la mosquée de Mohamed bey el-Mouradi (connue depuis longtemps sous le nom de la mosquée de Sidi Mehrez, à cause de sa proximité avec la zaouïa du saint Mehrez ibn Khalef) édifiée à Tunis entre 1104/1692 et 1109/1697, durant le règne des maîtres ottomano-turcs ; il ne s’agit pas ici de décrire l’ensemble de la mosquée mais d’en donner une rapide description pour pouvoir en analyser la structure architecturale [2].
Avec la mosquée de Mohamed bey el-Mouradi, nous avons l’exemple d’une construction qui rompt nettement avec l’ancienne tradition architecturale tunisienne (des cours enveloppant des salles de prières hypostyles à nombreuses nefs longitudinales recoupées par d’autres nefs transversales) et qui, pour la première fois dans notre pays, reproduit un prototype ottoman à coupole centrale. Il s’agit d’un édifice monumental dominant le rbatt bâb Souïka par les formes sphériques et étagées de ses coupoles blanchies à la chaux et qui rappellent des antécédents probables en Turquie [3] ou en Syrie ottomane (voir Planche 1).
Le sanctuaire repose sur une plate-forme où est aménagé un petit masjed hafside à l’angle sud-est (masjed el-Fellari) ainsi qu’un ensemble de boutiques à l’angle nord-est dont le revenu devait servir à l’entretien de la mosquée hanéfite.
On accède à la mosquée de Mohamed bey par trois portes monumentales en fer à cheval ouvertes dans les façades nord, est et sud ; ces dernières aboutissent de trois côtés (est, nord et ouest) dans les cours entourant la salle de prières (voir Planche 2). Les cours enveloppantes sont bordées d’une série de portiques qui entourent la salle de prières à l’est, au nord et à l’ouest, se prolongent latéralement aux deux angles sud-est et sud-ouest formant ainsi une chaîne continue d’arcatures portées par des colonnes [4] coiffées par des chapiteaux [5]. Le portique sud-est abrite un mihrab secondaire qui servait lors des prières du vendredi et des fêtes religieuses.
Les arcatures [6] sont reliées entres elles ainsi qu’aux murs de la salle de prières grâce à des tirants en fer. Elles s’adossent par endroits à ces murs grâce à des arcs en fer à cheval qui leur sont perpendiculaires. Certains de ces arcs reposent contre les murs sur des corbeaux en pierre. Les arcades latérales de la salle de prières s’appuient directement sur des chapiteaux, tandis que les arcs de la façade nord retombent sur ces chapiteaux par l’intermédiaire d’impostes en forme de parallélépipèdes. Les plafonds de ces portiques sont couverts de fines solives en bois avec de petits corbeaux vers les extrémités. Des tuiles vertes forment une chaîne continue et couvrent le dessus des portiques. Cette chaîne de tuiles fait saillie par rapport au mur des arcades et repose sur une chaîne de corbeaux en bois.
La grande cour en « U », bordée de portiques, enserre une salle de prières de plan carré ; unique en son genre, cette salle est couronnée d’une énorme coupole centrale ; des demi-coupoles moins élevées se greffent sur elle et la contrebutent ; des coupolettes plates plus basses encore s’insèrent dans les angles de la salle et l’épaulent [7]. La salle ouvre sur l’extérieur par neuf portes (trois sur chacun de ses côtés nord, est et ouest) et huit fenêtres ; ces ouvertures sont surmontées chacune d’un fenestrage laissant passer la lumière à l’intérieur de la salle.
L’enveloppe extérieure, assez lourde, de la mosquée de Mohamed bey est supportée à l’intérieur de la salle de prières carrée (28m de côté) par quatre larges piliers presque carrés, d’environ 2m de côté, s’élançant en hauteur et par huit pilastres rectangulaires qui font chacun 2m de longueur sur 0,8m de largeur. Les piliers sont reliés entre eux par quatre grands arcs de plein cintre [8] et constituent la base carrée, faisant 12m de côté, supportant la coupole centrale dont la hauteur totale à l’intérieur est de 27m. Le passage du plan cylindrique de la coupole au plan carré de la base s’effectue par des pendentifs.
Les quatre demi-coupoles [9], inscrites chacune dans un rectangle de 12m de longueur sur 6m de largeur, reposent d’un côté sur les quatre murs de la salle et de l’autre sur les grands arcs de plein cintre les reliant à la coupole centrale. Les deux angles de contact de chaque demi-coupole avec le mur sont occupés par des arcs formant coquilles, qu’on appelle trompes.
Les coupolettes [10], inscrites chacune dans un carré de 6m de côté, reposent d’un côté sur l’angle formé par les murs adjacents et de l’autre sur des petits arcs de plein cintre [11] les reliant aux deux demi-coupoles qui les encadrent.
Les grands et petits arcs de plein cintre reliant les piliers entre eux et les piliers aux pilastres se dressent par des tirants en fer.
Le décor intérieur de la salle de prières de la mosquée de Mohamed bey est assez sobre, recourant essentiellement à trois matériaux de base : plâtre, céramique et marbre. Il obéit à une répartition par registres juxtaposés ou superposés de bas en haut ornant les piliers et pilastres, les quatre murs de la salle ainsi qu’une partie de la grande coupole centrale (voir Planches 3, 4 et 5). La conception architecturale de l’espace détermine l’emplacement ainsi que les dimensions des surfaces qui sont à décorer par l’un des trois répertoires décoratifs classiques : géométrique, floral et épigraphique.
Il n’entre pas dans le cadre de cette étude de s’arrêter sur les innovations dans l’utilisation et la disposition des différents motifs et supports décoratifs participant à l’ornementation de cet édifice religieux et témoignant d’une grande richesse apportée par les dirigeants turcs du pays à cette époque.
L’étude architecturale envisagée dans cet article nous permettra, en premier lieu, de retrouver les modules conceptuels adoptés dans l’organisation des espaces formant la mosquée à travers l’examen du plan général de l’édifice, de ses coupes ainsi que de ses façades intérieures et extérieures. Elle nous permettra, en deuxième lieu, d’analyser le rôle de soutien des éléments porteurs de la structure spatiale de la mosquée et d’étudier la distribution des charges entre eux. En troisième lieu, enfin, cette étude nous indiquera les modes constructifs appliquées et les différents matériaux utilisés dans la construction de l’édifice ainsi que leurs caractéristiques particulières.
1/ Analyse des formes et modules :
La mosquée de Mohamed bey est généralement considérée comme la plus « belle » réalisation de l’architecture ottomano-turque en Tunisie, voire de toute l’architecture religieuse du pays. Jugement dû essentiellement à la cohérence des formes et des proportions entre les masses de ce monument. Avec cet édifice, on assiste à l’avènement d’une nouvelle conception de l’espace optant pour une élévation verticale, alors qu’auparavant on était habitué aux espaces horizontaux de très faible hauteur. Il s’agit d’un volume cubique (faisant peut-être allusion à la Kâaba) formé d’un espace intérieur surmonté en hauteur d’une enveloppe extérieure.
Un examen des rapports architecturaux appliqués à cet édifice illustrera la perfection de sa géométrie spatiale. En effet, les rythmes créés par la répétition d’un même principe d’organisation font que l’espace paraît harmonieux. Comparée aux autres parties de la mosquée de Mohamed bey (cours, portiques, façades intérieures et extérieures), c’est la salle de prières, cœur de l’ouvrage, qui témoigne de la plus grande régularité architecturale. L’analyse de son plan révèle une répartition modulaire spécifique ordonnant la composition de l’ensemble.
L’organisation modulaire de la salle est conçue de telle sorte qu’à chaque module correspond un quart de la base carrée de la coupole centrale. Par ailleurs, l’ensemble de la salle est réparti en 16 carrés de 6m de côté séparés par les rectangles reliant les bases des piliers entre eux et celles des piliers aux pilastres (voir Planche 6). Une ligne virtuelle joignant sur plan les centres des quatre coupolettes à ceux des quatre demi-coupoles forment quatre triangles équilatéraux (voir Planche 6).
Centralité, régularité et répétition modulaire donnent un caractère original à cette salle. Sa décomposition en plusieurs unités -qui groupées autour d’un centre virtuel constituent l’ensemble- facilite la compréhension de la logique de l’ensemble de l’édifice. La cohérence de ce langage conceptuel et son caractère rationnel font de lui l’outil essentiel de la production architecturale originale de la mosquée de Mohamed bey. En effet, la conception modulaire était la base nécessaire à la réalisation de cette oeuvre. L’harmonie conceptuelle et le rythme général forment en quelque sorte le squelette sur lequel prend corps la composition de l’ensemble de l’édifice.
Ce même principe modulaire se retrouve respecté d’une autre manière dans les élévations intérieures de la salle de prières. Il réapparaît selon une autre répartition respectant ici les décors muraux. En effet, il s’agit, au niveau des coupes, d’une correspondance entre l’unité de 6m et les éléments architectoniques ainsi que les différents registres décoratifs appliqués à l’intérieur de l’édifice (voir Planches 7 et 8). De ce fait, le niveau de 3m (la moitié de 6m) correspond à la partie supérieure des fenêtres et des portes des placards existant dans les murs d’angle de la salle de prières, séparées par des panneaux de céramique. Le niveau de 6m correspond à l’extrémité supérieure de la première frise décorative en plâtre ciselé longeant la partie haute des différentes ouvertures (portes, fenêtres et portes de placards aménagées dans les murs de la salle). Alors que le niveau de 12m (le double de 6m) correspond à la naissance des quatre grands arcs en plein cintre reliant les piliers entre eux.
Par ailleurs, l’intérieur de la salle, comme cela a déjà été signalé, présente une conception générale assez étudiée renfermant un décor réparti de manière symétrique sur l’ensemble des quatre murs de la salle et puisant dans les trois répertoires décoratifs (géométrique, floral et épigraphique), appliqués sur différents supports (céramique, plâtre, marbre, pierre, bois, etc.).
Quant aux trois façades donnant sur les cours, notons ici aussi un retour à la même unité de 6m. En effet, la partie supérieure des fûts des colonnes supportant les portiques coïncide avec une hauteur de 3m. Alors que les clefs des arcades des portiques sont à une hauteur de 7m du sol, laquelle multipliée par 6 (pour respecter l’unité) donne une valeur de 42m correspondant à la largeur de la façade nord, l’une des trois façades de la mosquée donnant sur la cour [12] (voir Planche 9). En outre, ces dernières présentent une allure générale harmonieuse parce qu’elles renferment des éléments architectoniques (arcades, colonnes, chapiteaux, portes, fenêtres, etc.) répartis d’une manière rythmique et symétrique (voir Planche 10).
Pour ce qui est des façades de l’enceinte extérieure, le même principe modulaire ne pouvait, dans ces cas, s’appliquer en raison de l’absence d’harmonie entre leurs différents éléments architectoniques (décrochage des niveaux des portes entre elles, présence d’une mosquée au rez-de-chaussée, etc.). Toutefois, ceci n’empêche pas ces façades extérieures d’être équilibrées : toutes renferment des éléments, portes et fenêtres notamment, donnant à l’ensemble une allure assez rythmée (voir Planches 11 et 12).
2/ Etude de la structure spatiale et des éléments porteurs :
a- Les couvertures :
Une grande variété de couvertures se rencontre dans le cas de la mosquée de Mohamed bey :
La coupole, les coupolettes et les demi-coupoles : Les voûtes couvrant des espaces carrés et ayant l’aspect, vues de l’extérieur, de dômes et, vues par en-dessous, de concavités courbes, constituent les qoubbas ou coupoles dont les formes sphériques assez harmonieuses donnent à la mosquée de Mohamed bey une allure très originale et, rappelons-le, unique en Tunisie.
Dans cet édifice, la grande coupole centrale forme avec les quatre demi-coupoles qui la flanquent une croix dont les angles sont occupés par quatre coupolettes. Ce système est solidaire. Il repose en effet sur quatre larges piliers et huit pilastres à l’intérieur de la salle de prières, les poussées contraires se neutralisant entre elles. A l’intérieur, ces dômes présentent un dièdre qui a été camouflé de deux manières différentes : pour les demi-coupoles, on a établi, dans le dièdre en retrait, un arc s’appuyant sur deux parois contiguës, on a obtenu ainsi une demi-coupole sur trompes dont chaque trompe a été faite d’un arc simple formant coquille ou niche dans l’angle du tambour ; pour la coupole centrale, on a garni le dièdre de maçonneries, de manière à établir un encorbellement finissant en pointe sur l’arête et ici c’est la coupole sur pendentifs.
Les terrasses : La terrasse est établie suivant la tradition locale. Des solives en bois supportent un plancher horizontal en prenant leurs points d’appui sur les murs de la salle de prières d’un côté et sur les arcades des portiques de l’autre côté. Sur une telle surface, l’écoulement des eaux est facilité par l’aménagement de la terrasse en plan légèrement incliné. Le flux se déverse au dehors par des gouttières. La terrasse de la mosquée est limitée par un parapet dont le rôle est multiple : empêcher les infiltrations à travers les murs, marquer la limite d’accès, etc.
b- Les murs :
Les murs de la salle de prières, ainsi que ceux de l’enceinte extérieure, sont construits de la même manière. Les premiers présentent tous un caractère ornemental formé d’un revêtement par différents supports, tels que la céramique, le plâtre, le marbre et le bois, renfermant des motifs décoratifs assez variés. De l’extérieur, ces mêmes murs sont revêtus par de la pierre taillée. Les seconds sont dépourvus de toute ornementation, à part le mur de la façade sud-est qui, lui seul, présente un revêtement en pierre de taille.
c- Les arcs :
Trois types d’arcs ont été utilisés dans la mosquée de Mohamed bey el-Mouradi :
- L’arc en plein cintre qui s’obtient par le traçage simple d’un demi-cercle.
- L’arc en plein cintre outrepassé (appelé encore arc en fer à cheval) qui s’obtient par le traçage d’une courbe se poursuivant en s’écartant du diamètre horizontal et en pénétrant dans l’intérieur de l’arc. Ce dernier, fleurit tout particulièrement à presque toutes les époques en Tunisie.
- L’arc brisé outrepassé qui s’obtient par le traçage de deux courbes se coupant au lieu de se raccorder (on le trouve dans certaines portes en bois à l’intérieur de la salle de prières).
d- Les piliers :
Le pilier repose directement sur le sol, sans socle. Ayant à supporter de lourdes charges, il se dépouille, dans le cas de la mosquée de Mohamed bey, d’une certaine lourdeur lorsqu’il se flanque de deux dosserets : ceux-ci, tout en participant à sa masse, supportent la retombée des arcs en plein cintre qu’il reçoit directement. Les quatre piliers s’alignent en formant un carré et sont régulièrement espacés. Cette disposition s’appelle l’ordonnance tétrastyle.
e- Les colonnes :
La colonne est composée d’une base octogonale, sorte d’empattement au pied de la colonne, indispensable pour l’empêcher de s’enfoncer dans le sol. Dépourvue de toute ornementation, la base se prolonge par un piédestal concave avec deux scoties ramenant le diamètre à celui du fût monolithe et galbé. Ce dernier est coiffé par un chapiteau, sorte de couronnement, qui s’assied sur le fût par l’intermédiaire d’une autre scotie. Il est surmonté d’un tailloir (ou abaque) préparant une assiette plus large pour recevoir la retombée des arcs. Dans certains cas, une imposte se superpose au tailloir simple pour établir un nouvel élargissement de l’ensemble et préparer également la réception des arcades avoisinantes.
L’assemblage de ces différentes parties de la colonne (bases, piédestaux, fûts, chapiteaux, tailloirs) est le même pour l’ensemble des portiques de la mosquée. Parfois, comme cela a déjà été signalé, certains fûts sont raccourcis, d’autres sont allongés, des bases exagèrent leur hauteur, le rôle des impostes étant de corriger alors ce déséquilibre.
3/ Le rôle des éléments porteurs dans l’équilibre de la mosquée de Mohamed bey :
Les dômes hémisphériques de la salle de prières, même lorsque leur structure tend à les transformer en monolithes, poussent, en premier lieu, sur les murs massifs de la salle, les arcs en plein cintre ainsi que les larges piliers et pilastres destinés à réduire les poussées de ces arcs et à renforcer le rôle des murs, en second lieu, sur les terrasses horizontales des portiques, reposant à leur tour sur les arcatures de la cour.
Pour éviter les dislocations intérieures, on a souvent relié les arcs en plein cintre de l’intérieur de la salle ainsi que les arcades de la cour [13] par des tirants en fer raidissant l’ensemble de ces supports et assurant la verticalité de l’ensemble. On a fait encore reposer les arcs sur des piliers et pilastres, et les arcades sur des colonnes avec lesquels ils se sont partagé poids et poussées. Dans les deux cas, piliers, pilastres et colonnes se sont vu couronnés d’un haut parallélépipède de maçonnerie, sorte de trumeau contre lequel butent en se neutralisant toutes les poussées contraires.
De ce fait, les différents supports (toiture horizontale, murs, arcs, arcatures, tirants, piliers, pilastres et colonnes), intervenant dans le maintien de l’équilibre de la mosquée de Mohamed bey el-Mouradi, sont des éléments fondamentaux de la structure spatiale de cet édifice. Ils ne sont pas considérés comme des accessoires décoratifs mais plutôt comme organes servant de points d’appui. C’est en effet sur eux que reposent les couvertures hémisphériques de la salle de prières.
4/ Examen des méthodes et des matériaux de construction [14] :
Les matériaux employés dans la construction de la mosquée de Mohamed bey el-Mouradi sont assez variés. On peut les identifier à travers l’étude qui va suivre de la méthode constructive de l’édifice :
a- Les murs de la salle de prières :
Tous les murs de la salle de la mosquée de Mohamed bey sont construits en pierre locale (Oued Melian) de dimensions allant de 20 à 30cm de longueur, de 15 à 20cm de largeur et de 15 à 20cm d’épaisseur (voir Planche 13). Les pierres allongées sont posées à plat d’une manière alternative. Elles sont hourdées en mortier de chaux et de sable d’un dosage variable allant d’une unité de chaux sur une unité de sable, d’une unité de chaux sur deux unités de sable jusqu’à une unité de chaux sur trois unités de sable et ceci veut dire que le mortier utilisé est imperméable.
Il est à noter que les bases des murs sont faites avec des pierres plus grosses que celles du reste des murs pour qu’elles puissent supporter la lourde charge de la toiture hémisphérique. Il s’agit ici de la même pierre en bloc ou à forte densité.
Parfois, on a intercalé des longrines de bois (as-sardâwî) de dimensions variables (entre 15 et 20cm de diamètre) au niveau de l’épaisseur des murs. Ils sont appelés à raidir et à répartir les poids agissant dessus. Ils forment deux assises dont une se met dans le sens longitudinal et l’autre dans le sens transversal occupant l’épaisseur des murs. Alors qu’au niveau des angles des murs, on a intercalé un enchevêtrement de deux assises perpendiculaires en bois formant des boutisses. Ces assises résistent aux affaissements dus aux charges verticales.
Sur les baies trouvent place des linteaux en bois (as-sardâwî) de mêmes dimensions que les longrines précédentes. Ils sont accolés les uns contre les autres formant ainsi une première assise. Le dessus est couvert de quatre manières différentes (voir Planche 14) :
* une seconde assise formant un remplissage fait en pierres liées les unes aux autres par un mortier de chaux sur lequel on construit un arc de décharge en brique pleine cuite [15] de forte compacité (une brique réfractaire de Testour ayant 6cm d’épaisseur, 10,5cm de largeur et 22cm de longueur) hourdée également en mortier de chaux et posée sur champ.
* une deuxième assise en brique posée à plat, une troisième assise en pierre identique à la précédente puis l’arc de décharge en brique également.
* une deuxième assise en bois (as-sardâwî) identique à la première assise puis une troisième en pierre, une quatrième en brique et enfin l’arc de décharge.
* une deuxième assise en lattes de bois posées dans le sens perpendiculaire par rapport au bois de la première assise et ayant 2 à 3cm d’épaisseur, 15 à 20cm de largeur et une longueur égale à l’épaisseur du mur puis une troisième assise en brique pleine posée à plat, une quatrième assise en pierre et enfin l’arc de décharge en brique habituelle.
Signalons enfin que le mortier de chaux utilisé pour les murs de la salle est serré, c’est-à-dire qu’il renferme une quantité faible d’eau et que les murs de la salle reçoivent de l’extérieur un revêtement en pierres de tailles dont les joints lisibles sont en plâtre.
b- Les murs de l’enceinte extérieure :
Tous les murs de l’enceinte sont construits de la même manière que celle des murs de la salle de prières. Rappelons qu’uniquement le mur de la façade sud présente une distinction car il renferme un caractère ornemental. Il est revêtu en pierres de taille allongées et posées d’une manière alternative. Les parties supérieures de ces différents murs sont garnies par des tuiles vernissées.
c- Les piliers :
Vu leur importance architectonique, les piliers de la mosquée de Mohamed bey sont de grandes dimensions (voir Planche 15). On a commencé par construire un premier niveau de 1m formé d’une enveloppe extérieure en pierre liée par un mortier de chaux et à l’intérieur de laquelle on coule du pisé en pierraille et mortier de chaux [16] fortement damé. Après coulage, le parement extérieur de l’enveloppe est fait de plaques de marbre blanc de forte épaisseur (les plaques scellées les unes contre les autres par des pattes à scellement forment une épaisseur de 20cm). Il est à signaler que la texture du marbre est fine, compacte et sans nervures.
Une corniche de 30cm en marbre sépare cette base assez solide du deuxième niveau occupant une hauteur de 2m40 et où une autre enveloppe prend place mais en brique pleine cette fois-ci. La brique posée à plat est hourdée par du plâtre. L’intérieur de cette enveloppe est également rempli de pisé dont le but est essentiellement d’économiser les matériaux de construction. La brique est ensuite couverte par les mêmes plaques de marbre recevant un revêtement décoratif en panneaux de céramique.
Une autre corniche de 30 cm en marbre sépare ce niveau du troisième, lequel occupe une hauteur de 2m40 et est construit de la même manière que le précédent mais sans marbre et avec un revêtement en stuc ciselé à la place de la céramique. Des boutisses (en pierre) occupent les angles de la base de ce niveau pour lui donner plus de résistance.
Une corniche de 30cm en bois prépare la naissance des petits arcs en plein cintre reliant les piliers aux pilastres et sépare ce niveau du quatrième. Il est également construit de la même manière mais ne reçoit aucun revêtement, à part un badigeonnage au lait de chaux jusqu’à la dernière corniche de 30cm en bois. Cette dernière prépare ici la naissance des grands arcs en plein cintre reliant les piliers entre eux ainsi que celle des pendentifs qui, eux, préparent la naissance de la grande coupole centrale [17].
Des tirants en fer prennent place au niveau de la deuxième corniche en marbre pour relier entre eux les sommiers des grands et petits arcs en plein cintre de la salle.
d- Les arcs :
Sur des assises horizontales, montées d’abord parallèlement, puis de manière à se rapprocher peu à peu, on a établit des assises dans une position qui suit la courbure de l’arc jusqu’à ce qu’il se ferme. Dans le cas de la mosquée de Mohamed bey, les grands et petits arcs en plein cintre de la salle de prières sont construits par des pierres de taille liées les unes aux autres par un mortier de chaux puis revêtues par un badigeonnage au lait de chaux. Les arcatures des portiques sont construites de la même manière avec un revêtement en pierre (kadhel) composé d’une succession de claveaux dont les joints lisibles sont en plâtre.
e- La coupole, les coupolettes et les demi-coupoles :
Elles sont toutes construites selon un même principe. On n’examinera ici que le cas de la grande coupole centrale (voir Planche 16). Il s’agit tout d’abord de monter des échafaudages à un niveau égal à celui du niveau de la base circulaire de la coupole qu’on obtiendra dès que les piliers, les grands arcs en plein cintre et les pendentifs seront construits. Un maçon tient une partie d’un cordon au centre de cette base et un autre maçon tient l’autre partie pour tracer le pourtour circulaire de la coupole puis celui de l’épaisseur de cette dernière. Des maçons travaillent à l’intérieur de la coupole et d’autres à l’extérieur pour la faire monter.
Une assise en amphores (ou fuseaux en poterie) hourdées au plâtre est mise en place vers l’intérieur de la coupole. Ces amphores sont de formes cylindriques vides à l’intérieur et présentent un trou au centre des côtés pour que le plâtre, jouant le rôle de liant, passe à l’intérieur et assure un meilleur collage. Elles sont couvertes, vers l’extérieur, par un doublage en pierres de taille de 10cm d’épaisseur collées par un mortier de chaux. Ensuite, une couche de ce même mortier mélangé à du sable prend place (une unité de chaux sur deux unités de sable ou une unité de chaux sur trois unités de sable). L’ensemble est enfin couvert par un badigeonnage au lait de chaux. De l’intérieur, les amphores sont couvertes par un mortier de chaux serré (ou par du plâtre) qui recevra un badigeon au lait de chaux.
f- Les terrasses :
Les terrasses horizontales des portiques sont construites d’une manière différente de celle des coupoles (voir Planche 17). Les solives de 8cm d’épaisseur et de 16cm de largeur couvrant les portiques s’enfoncent (à pas moins de 25cm ou de 30cm) d’un côté dans les murs de la salle de prières et de l’autre dans les arcatures des portiques. Elles reçoivent en-dessus des lattes en bois de 2cm d’épaisseur et de 20cm de largeur qui leur sont posées perpendiculairement par l’intermédiaire de pointes. Ces lattes sont couvertes par des briques pleines posées à plat et liées par un mortier de chaux puis par un remplissage bien damé de « tout venant » (pierrailles + terre + chaux) occupant une hauteur de 30 à 60cm. L’ensemble est couvert par un béton de chaux en forme de pente et fortement dosé (une unité de chaux sur une unité et demie de sable ou une unité de chaux et deux unités de sable). Une étanchéité en mortier de chaux fortement damé prend place en-dessus et enfin un badigeonnage au lait de chaux pour couvrir le tout.
Les solives sont prolongées du côté des arcades par des corbeaux en bois, lesquels sont couverts par des lattes en bois puis par la brique pleine pour recevoir enfin les tuiles vertes en poterie cuite et vernissée ornant la partie supérieure des portiques.
g- Le calepinage des cours :
Les carrelages des trois cours enveloppant la salle de prières sont en carreaux de 20cm x 20cm d’une couleur rouge tomate. Ceux des portiques sont des carreaux de 10cm x 10cm en noir et blanc. Seuls les carreaux de céramiques posés devant le mihrab secondaire du portique sud-est sont richement colorés. Ils sont de 5cm x 5cm et de couleurs jaune, vert, bleu, blanc et noir formant un motif en damier.
Conclusion :
Nous arrivons au terme de cette étude, au cours de laquelle on a essayé de donner un aperçu des spécificités architecturales de la mosquée de Mohamed bey el-Mouradi et de ce qui a fait d’elle le monument le plus remarquable de la Tunisie à l’époque ottomane [18]. En effet, cet édifice occupe une place importante dans le patrimoine tunisien en le comparant aux autres monuments religieux de la même époque et reflétant une influence orientale, puisqu’il est l’unique exemple à avoir reproduit sur le sol tunisien un prototype ottoman à coupole centrale.
Cette étude nous a permis de mettre en lumière l’originalité de l’architecture de cet espace religieux tant au niveau de l’harmonie de sa répartition et organisation spatiale qu’au niveau de la richesse des modes et matériaux de construction utilisés. En effet, la mosquée, objet de notre article, a été conçue d’une manière très étudiée et son plan présente une ordonnance architecturale équilibrée. Nous rappelons que la salle de prières de cet édifice a été dessinée selon un plan modulaire témoignant d’une grande régularité spatiale et que les façades intérieures et extérieures ainsi que les coupes de cette salle présentent à leurs tours une organisation assez rythmée.
Nous avons également étudié les éléments porteurs de l’ensemble de l’édifice et le rôle joué par ces derniers dans le maintien de l’équilibre de la mosquée. En effet, la couverture hémisphérique de la salle repose sur ces supports servant de points d’appui et assurant la verticalité de l’ensemble.
En outre, nous avons étudié les méthodes constructives de ces différents supports de la mosquée et nous avons prouvé la grande diversité des matériaux de constructions utilisés.
[1] Cet article est un résumé d’une partie de mon mémoire de DEA en Patrimoine et Archéologie dirigé par Monsieur Faouzi Mahfoud et soutenu en novembre 1999 à la Faculté des Sciences Humaines et Sociales de Tunis. Le mémoire est intitulé : « Etude architecturale et décorative de la mosquée tunisienne à l’époque turque : Exemple de la mosquée de Mohamed bey el-Mouradi ».
[2] Nous tenons à signaler qu’il s’agit ici d’une étude de l’état originel de la mosquée, état profondément remanié lors des travaux de restauration, et non pas de l’état actuel. Une consultation des archives photographiques de l’Institut National du Patrimoine de Tunis nous a permis de retracer l’intégralité de la conception architecturale et décorative de cette mosquée.
[3] On note de fortes ressemblances entre le style architectural de la mosquée de Mohamed bey et celui d’autres mosquées en Turquie telles que : Chahzadé Djami`i, Soultan Ahmed Djami`i, Yéni Validé Djami`i, Soultan Mehmed Djami`i, etc.
[4] Les colonnes reposent directement sur des piédestaux à côtés concaves puis des bases octogonales. La hauteur des fûts étant inégale, les bases sont elles-mêmes d’inégale hauteur par compensation.
[5] Les chapiteaux sont de deux genres différents. En majorité ce sont des chapiteaux turcs (23 chapiteaux), les autres sont des chapiteaux hafsides (3 chapiteaux).
[6] Toutes les arcatures sont en fer à cheval à part celles des deux angles nord-est et nord-ouest qui sont recti-curvilignes à linteaux droits.
[7] Les cours découvertes occupent presque une superficie égale à celle des espaces couverts (salle de prières et portiques).
[8] Le diamètre de chaque arc fait 10m pour une hauteur de 16m.
[9] La hauteur totale à l’intérieur pour chacune des demi-coupoles est de 18m.
[10] La hauteur totale à l’intérieur pour chacune des coupolettes est de 17m.
[11] Le diamètre de chaque arc fait 4m pour une hauteur de 8m.
[12] Elle se distingue des autres façades alors qu’elle n’est pas la façade principale de la mosquée donnant sur la cour.
[13] Les poussées s’opposent entre deux arcs contigus et se neutralisent.
[14] Cet examen a été fait suite à un entretien avec Monsieur Mahfoudh Limam, Architecte Général à l’Institut National du Patrimoine de Tunis ayant participé aux travaux de restauration de la mosquée de Mohamed bey.
[15] L’argile délayée et mise en moules puis cuite au four produit la brique. RICARD, Prosper. Pour comprendre l’art musulman dans l’Afrique du Nord et en Espagne, p. 91 et 92.
[16] Il s’agit d’un mortier aéré renfermant une grande quantité d’eau.
[17] Le même mode constructif que celui des piliers et les mêmes matériaux décoratifs ont été utilisés pour monter les pilastres de la salle.
[18] L’identité de l’architecte de la mosquée de Mohamed bey el-Mouradi reste à ce jour indéterminée. Deux noms ont été cités, il s’agit de l’architecte français Charles-Augustin D’aviler et de l’ingénieur français Amelot. Nous publierons un autre article pour présenter une réponse probable à ce mystère.
Bibliographie :
AL ANDALOUSI, Mohamed ben Mohamed (el-Ouazir Assaraj). Al-houlal assondoussiya fil akhbar attounoussiya, Tome II, Beyrouth, 1984, 723p.
BEN MAMI, Béji. « La mosquée M’hamed bey, un exemple de la présence architecturale et artistique ottomane dans la médina de Tunis », Cahiers des Arts et des Traditions Populaires, n°12, 1999, pp 1-22.
DAOULETLI, Abdelaziz et BEN MAMI, Béji. Jamâa wa Zaouiet Sidi Mehrez, Tunis, 1982.
GABRIEL, Albert. « Les mosquées de Constantinople », Syria, n°7, 1926, pp 353-419.
IBN el-KHODJA, Mohamed. Tarikh maâlim ettawhid fil kadim wal jadid, Tunis, 1939, 253p.
RICARD, Prosper. Pour comprendre l’art musulman dans l’Afrique du Nord et en Espagne, Paris, 1924.
SAADAOUI, Ahmed. « La mosquée tunisienne à l’époque ottomane », Corpus d’Archéologie Ottomane - FTERSI et INP, 1998, pp 107-130.
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4 commentaires:
شكرا يا شيراز على إعادة نشر المقال... المساجد المبنية في هذه الفترة لم تعرف تركيزا أكاديميا مماثلا لما حدث بالنسبة للبقية... أي اهتمام بها هو إضافة كبيرة... بالاضافة لمسألة القبة الوسطية و القباب المحيطة بها.. هناك طبعا خاصية الصومعة المثمنة التي نجدها في أمثلة أخرى... و من الصحيح كما أشرت عدى ذلك يبدو حضور المميزات العثمانية ضعيفا على المستوى المعماري... ربما تبرز أكثر في مناطق تعرف نوعا متواضعا من العمارة الأهلية مثلما هو الحال في جربة و التي يبرز فيها مسجد الغرباء بشكل خاص... المسألة التي تخامر ذهني كلما تبادر الحديث حول مسألة العمارة في تونس خلال الفترة العثمانية (بمراحلها المختلفة) هي مسألة المقارنات... ماذا حدث في الجزائر ماذا حدث في طرابلس الغرب... يعني الإيلات القريبة و التي عرفت في بعض الفترات وضعية يمكن مقارنتها مع وضعية تونس في علاقة بطبيعة الارتباط مع اسطنبول... أيضا هناك عمل على المستوى السوسيو تاريخي و تحديدا في علاقة بممثلي "الثقافة العثمانية" في إيالة مثل تونس هو العمل الذي ينقص مؤرخي العمارة و الفن في هذه الفترة
Cher Tarek,
Il est vrai que les mosquées turques de la Tunisie ne sont pas suffisamment étudiées.
J’ai visité certaines villes islamiques et je peux te dire qu’il n’y a aucune comparaison entre l’architecture turque au Maghreb et celle des pays voisins de la Turquie.
Les mosquées turques construites au Maghreb ne portent pas une forte empreinte du style ottoman (hormis quelques évocations telles que le minaret octogonal, la cour qui entoure la salle de prières de trois côtés, l’introduction de la tourba, le minbar maçonné et plusieurs autres éléments décoratifs nouveaux).
On explique ce phénomène par le fait que le gouvernement impérial a laissé une assez large autonomie aux « communautés soumises », de même que, sur le plan culturel en particulier, aucune tentative de « turquisation » ne paraît avoir été conduite dans les provinces arabes.
Le nombre faible des constructions « ottomanes » au Maghreb est évidemment lié à son éloignement du centre du pouvoir et à la faible vigueur de la présence ottomane. Le lointain Maghreb est peu touché par un mouvement de construction qui est très marqué en Syrie par exemple.
Il est également possible que des raisons financières et techniques expliquent à la fois le petit nombre des monuments et leurs petites dimensions.
Ces facteurs et d’autres ont joué particulièrement dans le cas de la mosquée de Mohamed Bey et empêcheront ce type d’architecture, nouvellement introduit en Tunisie, de se répandre dans les autres villes de la Régence.
لدي بعض الملاحظات: العمارة العثمانية (و لا أرى في الحقيقة أي وجاهة في استعمال مصطلح "التركية") في الايالتين الجزائرية و الطرابلسية تبدو أكثر كثافة من الناحية الكمية عنها في تونس (لاحظت ذلك بشكل مباشر في زياراتي لطرابلس و حسب بعض الدراسات حول الجزائر).. التفسير في حاجة للتعميق: من جهة أولى فإن العلاقة بين المحليين و الحكام في تونس مختلفة بشكل أساسي عنها في الجزائر و طرابلس الغرب حيث بقيت الطبقة الحاكمة في المثالين الأخيرين منغلقة على نفسها... هذا يحيلنا على مسألة أساسية و هي استمرارية "الثقافة العثمانية" (بمعنى الثقافة التي تنظر الى اسطنبول كمرجعية بشكل أساسي) أكثر استمرارية و أقل تأثر بالثقافة المحلية (ذات اللسان العربي بالأساس)... مثلا الارتباط الاداري المتميز لاسطنبول بالجزائر و طرابلس مقارنة بتونس مؤكد كذلك من خلال الوثائق الأرشيفية و هو ما تأكدت منه بشكل مباشر في أرشيف رئاسة الوزراء... و كانت اللغة ألأاسسية لهذا الأرشيف العثمانية و ليس العربية بعكس الوثائق الأرشيفية في الحالة التونسية التي غلب هليها اللسان العربي... طبعا كلمة "الثقافة العثمانية" تنطبق كذلك على مجال "الثقافة البصرية" بما في ذلك المعمارية... لكن رغم ذلك فإن هذه الكثافة أي وجود عدد أكبر من المساجد مثلا ذات الطباع العثماني في طرابلس و الجزائر لم تتم ترجمته الى نماذج معمارية ذات طابع سلطاني أي ضخمة مثلما نجد في بعض المعالم العثمانية الدمشقية و الحلبية... هنا يبدو العامل المالي الذي ذكرتيه مؤثرا لأنه كما تعرفين الطبقة الحاكمة العثمانية في إايالتي حلب و دمشق مثلا يسيطرون مباشرة على الأراضي الميرية بالتالي فإن مداخيلهم المالية أكبر بكثير من الريع الضرائبي أو القرصني لحكام طرابس الغرب و الجزائر... نفس الشيئ ينطبق على المعالم العثمانية في مصر القريبة من تلك الشامية... بالممناسبة هنا تبدو العلاقو ليس فقط بين اسطنبول العثمانية و ايالاتها القريبة بل أيضا تأثير الطراز المملوكي و استكمراريته وعلاقته القوية بالنماذج السلجوقية الرومية التي كانت أسس العمارة العثمانية الامبراطويرية وقت معمار سنان... من جهة أخرى أعتقد أنه يجب وضع بعض الحدود في علاقة بخصائص الطراز العثماني و هنا من الضروري التفريق بين العثماني الامبراطوري و العثماني الاقليمي... و هي فروقات كبيرة تفصل بين الأمثلة الأناضولية و تلك العربية المشرقية مثلا (و هو ما رأيته بشكل مباشر عند مقارنة الأمثلة العثمانية في حلب مثلا و تلك في أدرنة و بورصا)... هناك أيضا مسألة المدرسة و حقيقة أن نموذج المدرسة المنفصلة عن المسجد في المغرب الاسلامي نموذج ما قبل عثماني كما أن أن نموذج المركب الذي يشتمل مدرسة و مسجد و غير ذلك في إيالات المشرق هو أيضا ماقبل عثماني.. يعني الفروق بين المشرق و المغرب في بعض الخصائص التي تبدو عثمانية هي في الواقع فروق ما قبل عثمانية... هذه مجرد ملاحظات أولية في موضوع واسع... أعتقد، مرة أخرى، أنه يحتاج الى رؤية مقارنة أكثر دقة في علاقة بإيالات المغرب
Je suis parfaitement d’accord avec ce que tu dis dans ton message.
Tu sais que je ne suis pas historienne et que j’ignore beaucoup de détails d’ordre historique concernant la période ottomane que je n’ai malheureusement pas eu la possibilité de développer lors de mes travaux de DEA (je parle surtout des archives).
De nombreuses recherches se font actuellement en Tunisie sur cette même période et j’espère qu’elles apporteront de nouveaux éclaircissements sur la question.
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